allez, dans la
pratique, respecter les droits des animaux. Comment, exactement, allez-vous
respecter, dans la mesure du possible, leur
droit à l’autodétermination dans un monde où les animaux peuvent être tués d’un
coup de fusil pour avoir erré sur ce que certains humains considèrent comme
leur propriété ? Quand et sur la base de quelles justifications,
substituerez-vous votre propre jugement à ceux des animaux adultes qui sont
sous votre responsabilité ? Quid de la liberté de reproduction ?
Vous devez être prêt à prendre toutes sortes de décisions, y compris des décisions de vie ou de mort, en l’absence de certitude. Autoriserez-vous une opération qui pourrait améliorer considérablement la qualité de vie mais risque d’entraîner la mort sous anesthésie ? De deux médicaments susceptibles d’être efficaces, selon le véto, lequel choisirez-vous sachant que chacun peut occasionner des effets secondaires différents ? Si une maladie transmise par des insectes telle que la variole aviaire apparaît dans votre troupeau, vaccinerez-vous tout le monde, sachant que le vaccin lui-même tuera certainement quelques-uns des oiseaux ? Ou est-ce que vous isolerez pour les traiter les oiseaux infectés, en utilisant des mesures de biosécurité pour contenir l’épidémie ? Rappelez-vous : il n’existe pas une seule bonne décision. Après avoir consulté les vétérinaires et en avoir discuté avec des personnes travaillant dans d’autres sanctuaires, vous devrez décider… et ensuite vivre avec, quel que soit le résultat de votre décision, sans jamais savoir avec certitude ce qui serait arrivé si vous en aviez décidé autrement.
Ce qui nous amène aux défis émotionnels du travail dans un sanctuaire. Personne ne vit éternellement. Même si vous leur prodiguez les meilleurs soins, les résidents du sanctuaire mourront. Cela arrivera d’autant plus tôt que vous accueillerez des animaux dont les corps auront été ravagés par les mauvais traitements ou qui sont intrinsèquement vulnérables à cause de nombreuses générations de reproduction sélective. Les poules des élevages industriels, par exemple, sont particulièrement sujettes aux cancers de l’appareil reproducteur. Les oiseaux élevés pour la « viande » ainsi que les veaux mâles qui ont échappé à l'enfermement en cases deviennent des adultes anormalement gros qui, par conséquent, sont sujets aux maladies cardiaques. Vous devez vous préparer à plus de chagrin accumulé que ce que vous auriez jamais imaginé qu’on puisse éprouver. En fait, on ne peut pas être préparé à ça. Tout ce que l’on peut faire c’est se demander sincèrement, en son for intérieur, si l’on est à même de le supporter.
Et enfin, ceci : tout le monde fait des erreurs. Si vous travaillez assez longtemps dans un sanctuaire, vous ferez des erreurs et vous prendrez des décisions qui entraîneront la mort de quelqu’un. Et vous devrez vivre avec ça le reste de votre vie. Ce n’est pas impossible ! Les médecins urgentistes et les vétérinaires aussi doivent faire face à ça. Mais c’est émotionnellement très difficile, et pas du tout ce que la plupart des gens imaginent lorsqu’ils rêvent de gérer un refuge.
Bien sûr, la vie dans un refuge offre de nombreuses satisfactions. L’autre jour Cheryl, qui soigne les animaux à plein temps, et moi bavardions dans un pré lorsque j’ai pris conscience que nous nous trouvions au milieu d’une interaction multi-espèces d’un genre que peu de gens ont l’opportunité de voir (une oie surveillait une troupe de canetons qui passaient d’abord près d’un coq, puis d’un paon et enfin de quelques moutons). Nous formons des relations profondes et mutuellement gratifiantes avec les animaux non humains qui, eux aussi, se soucient de nous. C’est une vie souvent très difficile, mais aussi profondément satisfaisante.
Si, après avoir entendu tout ça, vous pensez encore avoir envie de créer un sanctuaire, permettez-moi de formuler une requête pressante : accueillez des coqs ! Actuellement, nous sommes au cœur d’une crise causée par la mode des poules d’arrière-cour. Nous nous sommes agrandis encore et encore, et d’autres sanctuaires ont fait de même, mais nous ne pouvons pas faire face au nombre de coqs qui atterrissent dans les refuges urbains et qui ont besoin d’être placés dans des sanctuaires. Les coqs sont parmi les animaux qui coûtent le moins cher à loger et à nourrir, c'est donc une façon d’aider un grand nombre d’animaux avec relativement peu d’argent. Nous avons été le premier sanctuaire à réhabiliter les coqs qui avaient été utilisés pour les combats et nous sommes toujours heureux d’aider d’autres sanctuaires à trouver comment loger des coqs et maintenir la paix entre eux, alors n’hésitez pas à nous rendre visite si c’est quelque chose que vous avez décidé de faire.
Vous devez être prêt à prendre toutes sortes de décisions, y compris des décisions de vie ou de mort, en l’absence de certitude. Autoriserez-vous une opération qui pourrait améliorer considérablement la qualité de vie mais risque d’entraîner la mort sous anesthésie ? De deux médicaments susceptibles d’être efficaces, selon le véto, lequel choisirez-vous sachant que chacun peut occasionner des effets secondaires différents ? Si une maladie transmise par des insectes telle que la variole aviaire apparaît dans votre troupeau, vaccinerez-vous tout le monde, sachant que le vaccin lui-même tuera certainement quelques-uns des oiseaux ? Ou est-ce que vous isolerez pour les traiter les oiseaux infectés, en utilisant des mesures de biosécurité pour contenir l’épidémie ? Rappelez-vous : il n’existe pas une seule bonne décision. Après avoir consulté les vétérinaires et en avoir discuté avec des personnes travaillant dans d’autres sanctuaires, vous devrez décider… et ensuite vivre avec, quel que soit le résultat de votre décision, sans jamais savoir avec certitude ce qui serait arrivé si vous en aviez décidé autrement.
Ce qui nous amène aux défis émotionnels du travail dans un sanctuaire. Personne ne vit éternellement. Même si vous leur prodiguez les meilleurs soins, les résidents du sanctuaire mourront. Cela arrivera d’autant plus tôt que vous accueillerez des animaux dont les corps auront été ravagés par les mauvais traitements ou qui sont intrinsèquement vulnérables à cause de nombreuses générations de reproduction sélective. Les poules des élevages industriels, par exemple, sont particulièrement sujettes aux cancers de l’appareil reproducteur. Les oiseaux élevés pour la « viande » ainsi que les veaux mâles qui ont échappé à l'enfermement en cases deviennent des adultes anormalement gros qui, par conséquent, sont sujets aux maladies cardiaques. Vous devez vous préparer à plus de chagrin accumulé que ce que vous auriez jamais imaginé qu’on puisse éprouver. En fait, on ne peut pas être préparé à ça. Tout ce que l’on peut faire c’est se demander sincèrement, en son for intérieur, si l’on est à même de le supporter.
Et enfin, ceci : tout le monde fait des erreurs. Si vous travaillez assez longtemps dans un sanctuaire, vous ferez des erreurs et vous prendrez des décisions qui entraîneront la mort de quelqu’un. Et vous devrez vivre avec ça le reste de votre vie. Ce n’est pas impossible ! Les médecins urgentistes et les vétérinaires aussi doivent faire face à ça. Mais c’est émotionnellement très difficile, et pas du tout ce que la plupart des gens imaginent lorsqu’ils rêvent de gérer un refuge.
Bien sûr, la vie dans un refuge offre de nombreuses satisfactions. L’autre jour Cheryl, qui soigne les animaux à plein temps, et moi bavardions dans un pré lorsque j’ai pris conscience que nous nous trouvions au milieu d’une interaction multi-espèces d’un genre que peu de gens ont l’opportunité de voir (une oie surveillait une troupe de canetons qui passaient d’abord près d’un coq, puis d’un paon et enfin de quelques moutons). Nous formons des relations profondes et mutuellement gratifiantes avec les animaux non humains qui, eux aussi, se soucient de nous. C’est une vie souvent très difficile, mais aussi profondément satisfaisante.
Si, après avoir entendu tout ça, vous pensez encore avoir envie de créer un sanctuaire, permettez-moi de formuler une requête pressante : accueillez des coqs ! Actuellement, nous sommes au cœur d’une crise causée par la mode des poules d’arrière-cour. Nous nous sommes agrandis encore et encore, et d’autres sanctuaires ont fait de même, mais nous ne pouvons pas faire face au nombre de coqs qui atterrissent dans les refuges urbains et qui ont besoin d’être placés dans des sanctuaires. Les coqs sont parmi les animaux qui coûtent le moins cher à loger et à nourrir, c'est donc une façon d’aider un grand nombre d’animaux avec relativement peu d’argent. Nous avons été le premier sanctuaire à réhabiliter les coqs qui avaient été utilisés pour les combats et nous sommes toujours heureux d’aider d’autres sanctuaires à trouver comment loger des coqs et maintenir la paix entre eux, alors n’hésitez pas à nous rendre visite si c’est quelque chose que vous avez décidé de faire.
Coda: La question des
micro-sanctuaires
Comme je l’ai mentionné plus haut, dans sa
présentation, Jenny Brown a fait quelques remarques au sujet des
micro-sanctuaires, et je me suis sentie obligée d’en faire autant dans la
mienne. Ce sujet a pris beaucoup de place dans la discussion, au cours de laquelle
Jenny Brown a exposé clairement ses préoccupations quant au fait que des
individus, parce qu’ils s’occupent de deux ou trois animaux adoptés dans un
sanctuaire, se font appeler