à
l'exploitation des animaux pour produire n’importe lequel de ces maux, ni dans
quels délais il disparaîtrait si on mettait un terme à l’exploitation animale.
La situation est encore compliquée par l’existence d’autres facteurs identifiés
comme responsables de ces problèmes.
Par
contre, les gens peuvent être certains que les animaux souffrent et meurent en
ce moment même à cause de l’alimentation humaine et de la médecine. Les gens
savent que la consommation de viande, par nature, exige la mise à mort des
animaux. Ils savent que les animaux de laboratoire sont tués. Ils savent ce que
sont les élevages industriels, les souffrances des vaches laitières et de leurs
veaux et celles des animaux utilisés pour les expériences. Ceux qui exploitent
les animaux eux-mêmes admettent toutes ces choses (par ex. les réglementations
gouvernementales sur les niveaux de souffrance acceptable), mais les justifient
par des raisons spécistes.
Le
facteur animal, inhérent à la politique que nous promouvons, n’est ni lointain
ni incertain en lui-même ou dans l’esprit du public. C’est pourquoi il offre
une base plus solide à l’argumentation que les domaines complexes de la guerre,
de la destruction de l’environnement, de la pauvreté et des maladies humaines.
On
pourrait rétorquer que ces problèmes sont également immédiats et certains,
puisque qu’ils ont incontestablement lieu actuellement. Et, pour une personne
militant dans ces domaines - ainsi que pour un militant animaliste qui
s’aventure au-delà et porte une casquette verte, pacifique, et anti-pauvreté -
ou pour un antivivisectionniste sincèrement et exclusivement scientifique, ces
questions sont la source d’arguments intrinsèques et sont déterminantes.
C’est
le rapport entre la consommation de viande ou la vivisection et leurs
éventuelles conséquences dans des domaines ne concernant pas les animaux qui
est relativement lointain et incertain ; aussi, dans le cade du militantisme
animaliste, ces considérations sont-elles moins déterminantes que le sort fait
aux animaux.
Arguments
intrinsèques
En
ce qui concerne les argument exclusivement intrinsèques, ont peut objecter :
"il est vrai que les animaux doivent venir avant, mais quel est le
problème si l’on renforce ce discours en ajoutant quelques raisons valables de
soutenir une politique en faveur des animaux ? Elles ne peuvent assurément
qu’être utiles." Mais parce que l’addition de ces autres raisons transmet
le message selon lequel la souffrance et la mort des animaux ne sont pas
suffisamment importantes pour emporter l‘adhésion, le recours à des raisons
extrinsèques peut, en fait, se révéler nuisible. Si nous mêmes ne sommes pas
disposés à proclamer sans équivoque "Faire souffrir ou tuer des animaux
est mal, indépendamment de toute autre considération." comment
pouvons-nous espérer qu’un public indécis y croit ?
Cependant
on pourrait objecter qu’il est peut-être peu diplomatique et partant,
contre-productif, de suggérer que les gens agissent irrationnellement et
immoralement ? Une approche moins directe ne donnerait-elle pas de meilleurs
résultats ? Bien sûr, nous ne pourrons pas gagner les cœurs et les esprits en
critiquant frontalement les individus mais, quand nous nous adressons à un
groupe de façon impersonnelle, comme lorsque nous dénonçons certaines pratiques
sociales ou décortiquons des attitudes sociales, nous permettons à ceux qui
nous écoutent ou nous lisent de réfléchir sur la question en privé, avec leur
amour-propre intact.
Malgré
le manque de confiance trahi par notre dépendance vis-à-vis des arguments
extrinsèques, nous sommes en réalité en meilleure position lorsque nous nous en
tenons à notre sujet principal. Les spécistes, après tout, sont obligés de
justifier ce que même eux seraient prêts à reconnaître comme un tort évident -
à savoir, faire souffrir et tuer des animaux, alors que nous ne somme pas
obligés de justifier une ligne de conduite qui refuse de les faire souffrir ou
de les tuer. Le seul obstacle à l’acceptation de notre position est le manque
d’arguments en faveur de la priorité morale des humains.
En
ce qui concerne les arguments intrinsèques eux-mêmes, ils doivent d’abord
attirer l’attention sur les mauvais traitements que les humains infligent aux
animaux, puis attaquer les excuses spécistes avancées pour les justifier.
L‘appel à la compassion est nécessaire car si nous ne faisions pas de mal aux
animaux - ce qui inclut le fait de les emprisonner et de les tuer, le débat sur
le spécisme ou les droits des animaux n’aurait qu’un intérêt académique. Roger
Yates (2006), dans son plaidoyer pour un position philosophique des droits des
animaux, remarque que les arguments basés sur la cruauté peuvent être
welfaristes ou tactiquement orientés. Mais, si elle est accompagnée d’un appel
à la libération animale, la dénonciation de la cruauté n’est pas welfariste et
n’est, en aucun cas, tactique au sens de manipulateur et hypocrite.
Toutefois,
la compassion se heurte aux barrières humanistes dans l’esprit des gens, en
particulier lorsqu’ils sentent que leurs intérêts primordiaux sont menacés.
C’est pourquoi la critique de la suprématie humaine, bien qu’impliquant encore
un appel à la compassion, est indispensable. La genèse et le développement de
notre mouvement sont ancrés dans la conscience du fait que les hommes font
souffrir et tuent les animaux.
- Appels à la
compassion
Selon
la remarque célèbre d’Isaac Bashevis Singer, nous devrions devenir végétariens
par souci pour la santé des animaux plutôt que pour la nôtre . (Kanfer 2006) .
Bien que l’argument compassionnel découle nécessairement de l’émotion, ses
étapes - de "ces animaux souffrent à cause des actions humains " à
"nous souffrons avec eux " à "nous ne voulons pas souffrir
" à "nous devons stopper ces actions" (ou, en langage
éthique "c‘est mal") -
sont reliées de façon rationnelle. De cette façon, les sentiments sont "le fondement même de la moralité"