et
anthropocentrique et péchant par manque d’immédiateté et de certitude. Il
s’agit plutôt d’éveiller la répulsion envers une justification inacceptable du
traitement injuste des animaux et de dénoncer l’utilisation du principe
"deux poids deux mesures " - fraternité avec les humains, oppression
des animaux.
Nous
pouvons montrer que seule la domination des humains permet au gouvernement
d’exprimer des principes aussi discriminatoires que "sans expérimentation
sur les animaux il est fort probable que… des médicaments dangereux seraient
testés sur des volontaires sains et des patients lors d‘essais cliniques. Ce
serait tout à fait inacceptable." (Corbett 2006). Nous pourrions démontrer
que seul la domination des humains permet au média et au public de s’indigner
de la violence d’actions menées par des militants animalistes alors qu’ils
acceptent ou ignorent la violence plus grande qui est perpétrée sur les
animaux.
A
l’évidence, il y aurait bien plus à dire sur l’utilisation des arguments
intrinsèques, mais les quelques points que j’ai indiqués sont les paramètres à
l’intérieur desquels nous devrions argumenter. Les gens ne seront pas
convaincus tout de suite et, dans de nombreux cas, ils ne le seront pas du
tout. Ils auront souvent des objections auxquelles nous devrons répondre. Et
puisque les opinions se forgent en partie sur l’expérience personnelle, même
l’argument le plus solide peut ne pas suffire en lui-même à convaincre les
gens, bien qu’il puisse influencer leur réflexion s’ils sont favorablement
disposés. Mais une fois confrontés à un argument intrinsèque en faveur des
droits des animaux, les gens saurons de quoi il est question. Sans ce point de
départ, il ne peut y avoir d’avancée dans la conquête de l’opinion publique :
opinion publique dont la pression sera nécessaire pour vaincre les industries
qui exploitent les animaux ainsi que leurs serviteurs gouvernementaux.
Laissons
les animaux nous donner un exemple. Dans un document du Xe siècle de Ikhwan
al-safa (Frères de la pureté), le Procès des animaux contre les hommes devant
le roi des Djinns, les animaux font un procès à l’humanité, appelant à la
compassion et dénonçant la raison du plus fort :
Nous étions pleinement occupés à soigner nos petits…avec toute la bonne nourriture et la bonne eau dont Dieu nous avait gratifiés, en sécurité et en paix sur nos propres terre…Dieu créa Adam…et fit de lui son vice-régent sur la terre. Sa progéniture …envahit nos terres ancestrales. Ils capturèrent les moutons, les vaches, les chevaux, les mules et les ânes…et les réduisirent en esclavage… Ils nous forcèrent à faire ces choses sous la contrainte, avec…des tortures et des châtiments tout au long de nos vies. Certains parmi nous fuirent vers les déserts, les terres à l’abandon, ou les cimes des montagnes, mais les Adamites nous ont poursuivis…Quiconque tombait entre leurs mains était mis au joug, avec un licol et des entraves. Ils l’abattaient, l’écorchaient, …et le mettaient dans le feu pour être cuit…Malgré ces cruautés, ces fils d’Adam n’en ont pas fini avec nous, il leur faut encore prétendre que c’est leur droit inaliénable, qu’ils sont nos maîtres et que nous sommes leurs esclaves…et tout cela sans preuve ni explication autre que le pouvoir de la contrainte. (cité par Foltz 2001; 5)
Les
avantages qu’il y a à s’en tenir au sujet
Le
végétarisme est dissociable de l’approbation de personnes célèbres ; des droits
humains; des bienfaits pour la santé et l’environnement ; de l’alimentation
mondiale et de la paix. Mais il est indissociable de ses effets bénéfiques pour
les animaux, parce qu'il signifie s’abstenir de consommer de la viande et
autres "produits" animaux. L’antivivisectionnisme est dissociable de
l’approbation de personnes célèbres, des droits humains et des bienfaits pour
la santé humaine. Mais il est indissociable de ses effets bénéfiques pour les
animaux, car il est employé pour désigner le refus de l’expérimentation
animale.
Lorsque
les arguments en faveur des droits des animaux reposent sur des facteurs
extrinsèques ou même s’ils en incluent, en leur attribuant un rôle important,
il peut en résulter de l’incohérence, des concessions au spécisme, une
dissimulation des principes moraux, une pratique inconsciente du double
standard, une ambiguïté éthique, l’éloignement et le manque de fiabilité des
résultats escomptés et l'idée que les considérations liées aux seuls animaux ne
seraient pas suffisamment importantes pour défendre leur cause. Les arguments
intrinsèques qui éveillent la compassion envers les animaux et dénoncent la
logique défectueuse du spécisme et de l’éthique basée sur le domination qui le
sous-tend sont les plus cohérents, les plus honnêtes et les plus à même d’aider
une cause qui a pour la soutenir des valeurs morales culturellement admises. Il
y a "un vrai débat sur la question de savoir pourquoi les humains croient
avoir le droit d’infliger des souffrances aux autres espèces" (Coull 2006)
et nous ne pouvons pas gagner ce débat en parlant d’autre chose.